mercredi 28 novembre 2018

Voyage en Autriche et pays limitrophes (6bis)

Jour 4 mardi 30 mai (après-midi)

Château de Neuschwanstein

Après un bon pique-nique, nous entamons la montée vers le château le plus emblématique de Bavière et sinon d'Allemagne, Schloss Neuschwanstein. Le dépliant qui nous est remis avec les tickets d'entrée, annonce 55 min. de marche. Moi j'ai mis 1h10 pauses comprises. Un sportif comme mon mari, le fait en 30 min. env. sans fatigue. Mais pas de complexe à avoir, tout le monde fait des pauses à un moment ou à un autre. On est pas dans une course mais un site touristique avec une foule de gens de tout âge et conditions physiques différentes. J'en ai vu des bien plus jeunes que moi qui avait bien du mal à grimper 😋 La montée se fait à l'ombre à travers bois sur une route goudronnée donc à part le fait que ça grimpe tout du long, il n'y a aucune difficulté. Il faut juste prendre son temps en fonction de ses capacités. Des calèches tirées par des chevaux font la montée. Mais là j'avoue que ça me faisait mal de voir les chevaux trimer autant à la monter qu'à la descente. Sinon il y a des minibus qui font la navette mais c'est moins drôle...

Avant la visite, nous avons eu le temps de nous promener tout autour du château et d'aller faire LA PHOTO du château prise depuis le Marienbrücke.






 

Vous avez dit usine à touristes... et on est qu'au mois de mai !!!
Gorge de la Pöllat

Et ça y est j'ai mes photos à moi prise du Marienbrück. Vu le monde et ma prédisposition au vertige, je n'ai pas réussi à trop quitter le bord. Je pense qu'en arrivant très tôt le matin (ou en restant tard le soir) et donc avec beaucoup moins de monde, j'y serais arrivée. Mais nous reviendrons car nous n'avons pas exploré toutes les richesses de ce site et sa région, l'Allgäu. Un véritable paradis pour les randonneurs. Par contre, le sentier de la Gorge du Pöllat est fermé jusqu'à nouvel ordre en raison de chutes de pierres.




Vue sur Hohenschwangau. l'Alpsee à gauche, le Schwansee à droite







Cour intérieure
Le long bâtiment sur la droite n'est qu'un long couloir




Ici pas de jardin, juste un peu de pelouse sous un arbre.
Marienbrück vu du château





Un peu d'histoire
Le 13 mai 1868 dans une lettre à Wagner, Louis II annonce son intention de reconstruire le vieux Burg en ruine près de Hohenschwangau, non loin de la gorge de la Pöllat, un torrent qui bascule en une chute de 45m. Pour traverser la gorge, un pont, le Marienbrücke, ou pont de Marie, construit sur ordre de la reine Marie, a été jeté en 1866. On y a une vue impressionnante. Adossé aux 2000m. du Säuling, une puissante montagne, on voit les reliefs boisé de Füssen, des lacs et jusqu'aux sommets du Tyrol. De l'aveu même du roi, "cet endroit inaccessible et sacré est un des plus beaux lieux du monde". Là sur un éperon dressé à 1000m. sera construit la Neue Burg Hohenschwangau, baptisé Neuschwanstein seulement en 1886. (Jean des Cars, Louis II de Bavière ou le roi foudroyé, Librairie Académie Perrin, 1975)

On aperçoit entre les arbres les ruines de deux châteaux médiévaux: "Vorderhohenschwangau" et "Hinterhohenschwangau" avant leur démolition pour laisser place au château de Neuschwanstein. Maximilien II, père de Louis II, avait déjà eu l'intention de faire reconstruire le vieux château "Vorderhohenschwangau". En 1867, période de grand chômage, Louis II donne l'ordre au jardinier de la cour, Karl Effner, d'élaborer plusieurs projets afin de donner du travail à ses sujets. Les travaux préliminaires ont commencé en 1868 et le 5 septembre 1869, la première pierre est posée.
 

Ce château majestueux en impose mais il est froid. C'est un décor sans âme. Moi j'y ai ressenti beaucoup de tristesse et solitude. Peut-être parce que je connais trop bien la vie de Louis II de Bavière. Mais quand même, ce château construit seulement pour sa vie privée, et toute cette démesure pour un seul homme qui préférais vivre avec des êtres imaginaires tirés de légendes plutôt que parmi ses contemporains, je trouve ça triste. Louis II n'y habitera que 186 jours. Les travaux l'ont ruiné, et son comportement pousse ses ministres à demander une expertise psychiatrique. Le 10 juin 1886, une commission gouvernementale vient lui signifier sa déposition. Louis II se noie trois jours plus tard à l'âge de 40 ans, dans le lac de Starnberg dans des circonstances mystérieuses jamais élucidées jusqu'à présent. A ce moment seules la construction du palais et la décoration intérieure des 3e et 4e étage sont achevées. Le château sera ouvert au public la même année pour payer les énormes dettes accumulées pendant sa construction. Sur 200 pièces, seules 15 sont aménagées.

Outre les fresques et les décors extraordinaires qui reprennent les thèmes des légendes de Lohengrin et Taunnhäuser, et les opéras de Wagner, c'est le confort moderne qui nous a épaté mon mari et moi.
Le château possédait l'eau courante grâce à une installation approvisionnée par une source située 200m au-dessus du château, de telle façon que la pression naturelle était suffisante pour alimenter tout le château même dans les pièces les plus élevées. Les gens vivant en montagne comprendront notre admiration face à cette ingéniosité car il n'est pas toujours évident d'être alimenté en haut quand on vit en altitude.
Le château bénéficiait aussi de l'électricité, qui commençait à peine à entrer dans les foyers. Un interphone électrique équipait même la chambre de l'aide de camp du roi. Et un chauffage central équipait tout l'édifice. Même le quartier des domestiques, que l'on aperçoit au 3e étage, étaient confortables. Rien à voir avec les pièces minuscules, sombres et froides qu'on trouvait habituellement sous les toits à cette époque et bien après.
Tout ce modernisme est vraiment visible dans la cuisine qui est restée en l'état.
On peut y voir encore les conduites pour l'eau chaude et l'eau froide.
Le tourne broche pouvait fonctionner automatiquement. L'air chaud du foyer, montant de la cheminée, actionnait une turbine qui se trouvait dans un gros tuyau au-dessus de la broche. Ce mouvement de rotation était transmis à la broche à l'aide d'un engrenage. C'est une invention de Léonard de Vinci !
La cuisine située trois étage plus bas que la salle à manger, était dotée d'un monte-plats.
L'évacuation de la fumée du grand poêle, au milieu de la pièce, s'effectuait souterrainement à travers le parquet. La chaleur du poêle s'évacuant dans la cheminée, servait en même temps à réchauffer la vaisselle qui se trouvait dans un chauffe-plats, construit dans le mur à côté du four. Près de la porte de sortie, le robinet au-dessus du vivier, fait d'un seul bloc de granit, a la forme d'une tête de cygne. Même les équerres qui soutiennent une sorte de ballon d'eau chaude sont stylisées. C'est ce que j'aime dans cette époque du début de l'industrie, c'est que l'utile était beau.
Malheureusement, là aussi, les photos sont interdites à l'intérieur du château. Nous nous contenterons d'un livret acheté au magasin de souvenirs. De toutes façon les photos sont loin de rendre la magie des fresques et l'atmosphère qui règnent dans ces deux châteaux. Laurent qui déteste visiter des châteaux, est tombé sous le charme de ces deux-là. Il a été vraiment impressionné !!!

La journée touche à sa fin, il n'y a plus beaucoup de voitures sur les parkings. Nous sommes fourbus mais ravis de notre journée. C'était celle qui l'enchantait le moins quand j'ai préparé le séjour. Il le faisait vraiment pour me faire plaisir. Finalement elle restera un de nos plus beaux souvenirs...
Nous reprenons la route mais pour quelques kilomètres seulement. Ce soir nous dormons à Oberammergau. Demain d'autres merveilles nous attendent...

Dernière photo avant de laisser Neuschwanstein derrière nous 😢


...

*Les photos en noir et blanc sont de Joseph Albert (1825-1886), photographe et inventeur allemand. En 1857, il devient le photographe officiel de la cour royale de Bavière. Il photographiera la famille royale et plus particulièrement Louis II et ses projets. En tant qu'inventeur, il a amélioré la callotypie et inventé la phototypie en couleurs.
Voici deux sites où l'on peut voir ses photos :
https://fr.wikibooks.org/wiki/Photographie/Personnalit%C3%A9s/A/Joseph_Albert
www.zeno.org/Fotografien/A/Albert,+Joseph 

Voyage en Autriche et pays limitrophes (6)

Jour 4, mercredi 30 mai (matin)

Visites des châteaux de Louis II de Bavière

7 h debout !
Je suis excitée comme une puce, faut dire que je suis réveillée depuis un moment déjà. Dommage pour mon cher et tendre qui a besoin de se réveiller en douceur et de petit-déjeuner en silence. Des "Qu'est-ce que t'es chiante ce matin" fusent plusieurs fois avant que nous levions le camp 😇
Le soleil est levé et la journée va être très belle. Pas une minute à perdre, les caisses pour les billets des châteaux ouvrent à 8 h. On peut aussi prendre ses billets par internet. Dans la plupart des campings ou lieux publics vous avez le WIFI gratuit, mais je suis du XXe siècle, je déteste payé par internet et puis je n'ai jamais réussi à me connecter. Ce n'est qu'à mon retour en France que mes grands m'ont expliqué ce que j'aurai du faire. En même temps en vacances on se passe très facilement d'internet.

En quittant le camping, la route passe au milieu d'une ferme. Les vaches qui sortent de la traite, coupent la circulation pour retrouver leur champ. Laurent est trop content !
Que se soit en Autriche ou en Allemagne, on a remarqué que les fermes sont vraiment dans les villages voir les villes avec leur tas de fumier en plein air comme en France jusqu'aux années 90. On s'est posé beaucoup de questions à propos des mises aux normes et autres règles d'hygiène et d'urbanisme. On aurait bien voulu savoir ce qu'en pense les riverains de ces fermes...




8 h 10, arrivée sur le site.
Parking payant obligatoire : 6 euros la journée. Il y a déjà quelques voitures. Le gardien du parking nous accueille avec le sourire. Aux caisses nous attendons tout de même 40mn. pour avoir nos tickets d'entrée, Château de Höhenschwangau le matin et Neuschwanstein l'après-midi. Mon mari et moi ne parlons pas allemand ni anglais ou juste quelques mots mais nous arrivons très bien à nous faire comprendre. On nous avait prévenu que c'était une usine à touristes mais tout le monde a le sourire aussi bien les touristes qui ont l'air super content d'être là, que le personnel du site. J'arrive même à dire quelques mots en anglais avec une japonaise, habitante de Nagasaki, et qui faisait le tour de l'Europe en groupe. Elle venait de visiter Paris. Super rigolote la mamie. Elle était aussi heureuse que moi d'être là 😄


Nous avons presque une heure avant notre première visite. Largement le temps de monter tranquillement jusqu'à Hohenschwangau (20 mn. de marche environ) et de nous promener dans les jardins. 
La visite des deux châteaux se fait par le biais d'un audioguide dans la langue que l'on souhaite. Un gardien nous fait passer d'une pièce à l'autre par groupe de 20 à peu près. On sent que le parcours est chronométré mais comment faire autrement quand 1,2 millions de touristes se pressent ici tous les ans ?  Bien sûr les photos sont interdites à l'intérieur. 
Notre guide d'une vingtaine d'année, allemand mais breton (décidément ils sont partout) par sa mère, était très content de voir des compatriotes. Nous avons pu bavarder un instant. Assez pour savoir qu'il avait la maison pour lui tout seul puisque ses parents étaient à Belle île, dans la famille de sa mère, et qu'il pouvait faire la fête avec ses copains 😂

Schloss Hohenschwangau est un château très agréable. On sent qu'il a été habité. La présence de la reine Marie, mère de Louis II, se ressent et lui confère une ambiance chaleureuse et intime, bourgeoise même. Malgré les fresques retraçant des scènes de la chevalerie du Moyen-Age, il n'y a rien de pompeux ici. C'est un château qui vaut vraiment la peine d'être visité.


Château de Hohenschwangau











Albert, Joseph*, Toreinfahrt von Schloss Hohenschwangau, 1852















Albert, Joseph* - Königin Marie mit ihren Söhnen auf der Schlosstreppe in Hohenschwangau (Zeno Fotografie) vers 1860


Le château de Neuschwanstein vu du château de Hohenschwangau.

Un peu d'histoire :
Le château d'Hohenschwangau est un joyau du romantisme allemand. Mais avant d'être acheté puis restauré de 1832 à 1836 par Maximilien II, le père de Louis II, le château connu son heure de gloire au XIIe siècle, époque de sa construction. Sous l'impulsion des chevaliers de Schwangau, il fut même un important centre de troubadours. Hiltpold de Schwangau, l'un des premiers chevaliers dont nous connaissons le nom, a été immortalisé comme troubadour dans le "Recueil de chansons de Heidelberg" ou Codex Manesse conservé à l'université d'Heidelberg dont voici une illustration :

https://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/cpg848/0287/ima

La famille des chevaliers de Schwangau s'éteignit au XVIe siècle. Le château déclina ensuite pour être très endommagé au cours des guerres napoléoniennes (1800-1809)
C'est sa situation exceptionnelle qui incita le prince héritier Maximilien, qui deviendra plus tard Maximilien II, à acheter ce château en ruine. D'importants artistes du romantisme y participèrent. Dominik  Quaglio supervisa la reconstruction du château. Les fresques qui décorent les murs du château sont l’œuvre du peintre Moritz von Schwind, surnommé le "peintre à poète". Il s'inspira de "La chanson de Nibelungen" et "La Jérusalem libérée" du Tasse pour les réaliser.
Louis II passa une grande partie de son enfance dans ce château au romantisme bien particulier. Entouré de ce décor de théâtre, avec ces peintures murales représentant notamment la légende du chevalier au cygne de Lohengrin, dans un cadre enchanteur, ce lieu a sans doute fortement influencé son caractère rêveur et épris de chevalerie.


 
L'Alpsee vu des jardins du château




En quittant Hohenschwangau par l'allée qui mène vers le lac, nous sommes allés nous balader dans les bois en direction du Pindarplatz, un éperon rocheux ombragé, avec un belvédère qui surplombe l'Alpsee. L'Alpsee est un très beau lac entouré de sapins et dominé par les escarpements du Säuling. On peut en faire le tour à pied en 1 h env. Il commençait à faire chaud et la fraîcheur du sous-bois était très agréable.

Neuschwanstein vu du Pindarplatz belvédère





(à suivre...)

*Les photos en noir et blanc sont de Joseph Albert (1825-1886), photographe et inventeur allemand. En 1857, il devient le photographe officiel de la cour royale de Bavière. Il photographiera la famille royale et plus particulièrement Louis II et ses projets. En tant qu'inventeur, il a amélioré la callotypie et inventé la phototypie en couleurs.
Voici deux sites où l'on peut voir ses photos :
https://fr.wikibooks.org/wiki/Photographie/Personnalit%C3%A9s/A/Joseph_Albert
www.zeno.org/Fotografien/A/Albert,+Joseph