vendredi 30 janvier 2015

Discount


Au départ je ne devais pas aller voir ce film mais vu que je m'étais trompée de semaine pour celui que je voulais, je me suis dis pourquoi pas. Et j'ai été agréablement surprise, même si le scénario est assez mince et parfois laborieux, et la fin ouverte (je n'aime pas ça), on ne peut s'empêcher de s'attacher aux personnages. Leur vie quotidienne est bien rendue. J'y ai retrouvée de nombreuses situations ou personnage que j'ai connue.

Pour une fois que le cinéma français parle des gens qui travaillent en bas de l'échelle sans misérabilisme, ni angélisme ! Rien que pour ça, il mérite d'être vu.

Ce film montre juste des gens qui BOSSENT dans des conditions indignent et qui ont beaucoup de mal à s'en sortir, mais qui ne baissent pas la tête, même s'ils sombrent dans le vol. On peut voir aussi que la vie de Sofia, la patronne, n'est pas facile non plus, qu'elle aussi subit les méthodes de mafieux de sa hiérarchie. Qu'elle est sans doute sur-diplômée pour son poste mais qu'elle aussi n'a rien trouvé d'autre. Alors la victime devient le bourreau.

J'ai aimé le côté Robin des Bois des 5 amis : prendre aux exploiteurs pour donner aux pauvres. Se venger ainsi de ceux qui les exploitent. Mais ça m'a aussi dérangé. Ce sont quand même des voleurs et je suis surprise que peu de gens l'ont relevé dans les critiques que j'ai pu lire.
On voit bien qu'au début, ils n'en ont rien à faire de détruire des tonnes de nourriture. Ils sont comme tout le monde, ils font ce qu'on leur dit de faire sans se poser de questions. Il faut qu'un coup dure les frappe pour qu'ils ouvrent les yeux. Tout le long du film on voit les personnages évoluer prendre conscience de leur vie, devenir un peu moins personnel, s'ouvrir aux autres.
J'ai pu lire par contre que des personnes étaient surprises par l'absence de syndicats. Mais il y a pleins d'endroits où ça n'existent plus. De toute façon à part se faire voir sur de gros événements, eux aussi, les petites gens ça ne les intéressent pas.

Les acteurs sont géniaux, tout comme les acteurs non professionnels. Ces derniers amènent une fraîcheur, une gaieté et une authenticité au film.

La description faite de la grande distribution relève du documentaire. J'ai vraiment retrouvé ce que m'en disent mes copines et mes voisines qui y travaillent, ou que je peux observer en faisant mes courses. Moi aussi je fais mes courses dans ce genre de magasins.
Ayant été l'assistante maternelle pour les enfants de certaines d'entre elles, l'échange entre la femme et Emma à propos de la garde de son garçon m'a rappelé des souvenirs. Pas l'engueulade mais les horaires, les emplois du temps qui changent à la dernière minute. Je gardais une petite fille de 12 mois dès 5h30 le matin (je la recouchais et moi aussi), deux autres partaient parfois le soir à 21h, ça c'était beaucoup plus dur et je détestais : l'impression que la journée ne va jamais s'arrêter. Quelque fois c'était le dimanche. Moi ça ne m'a jamais dérangée, étant mariée à un éleveur laitier, je n'ai jamais connu les horaires de bureau. Mais c'est une véritable galère pour ces femmes de trouver une nounou. En plus étant dans une région touristique pas question pour elle de prendre les vacances en juillet et août, donc les vacances en famille on oublie. A priori, une loi est passée interdisant cela mais elle n'est pas appliquée partout. 

Le passage où Christiane décrit le système bancaire vaut tous les cours d'économie, tout comme son entretien avec son "conseiller" bancaire (qui n'a de conseiller que le nom), montre toute la froideur du système. Culpabiliser le client, lui faire sentir que s'il en est là c'est de sa faute, qu'après tout il n'a qu'à payer... Vous vous rendez compte, elle a accepter l'héritage de son mari ! Comme si en plus de la douleur de perdre un compagnon, vous devez en plus perdre tout ce qui faisait votre vie. 
Il est de bon ton de dire qu'il ne faut pas s'attacher aux choses, qu'il faut être détaché. Mais dans le cas de Christiane, on devine que son mari devait être agriculteur. Et vendre sa ferme c'est comme le tuer une deuxième fois. Une ferme c'est de la passion, le travail de toute une vie, voire de plusieurs générations. On peut le faire quand on a fait le travail de deuil, pas les semaines qui suivent un décès.
Là aussi, la scène avec le banquier m'a ramené à mon passé, quand mon mari a du vendre sa ferme. Tout le temps de son activité on lui prêtait à tire larigot quitte à bidouiller les chiffres pour que les emprunts passent. La première fois j'avais été choquée, mon mari me disant que c'était comme ça. Par contre, lorsque vous n'avez plus rien, ce n'est plus du tout le même son de cloche. Premièrement votre ferme n'a de valeur que sur le papier, des bâtiments agricoles ne valent rien dés lors qu'il n'y a plus d'activité, si vous ne pouvez pas les louer à un autre agriculteur, ils sont condamné à tomber en ruine. On le voit bien dans le film. Deuxièmement on vous change de conseiller, histoire que celui qui vous suit depuis des années et avec qui vous avez sympathisé ne vous fasse pas trop de social, car là vous n'êtes plus du tout intéressant mais plus tôt indésirable. Et histoire de vous enfoncer un peu plus, on vous oblige à d'autres prêts à des taux cette fois exorbitants. Vive le libéralisme !

Le moment le plus choquant et le plus dur du film est celui où l'on voit toute cette quantité de nourriture détruite et javellisée pour être encore plus sûre que personne ne viendra en récupérer. Là on ne peut s'empêcher de se dire que notre civilisation a touché le fond, que finalement si l'Homme disparaissait ce ne serait pas une grosse perte pour la planète.
Mais en même temps de voir cette histoire d'amitié, ces personnages qui se battent et essaient de créer autre chose basée sur la solidarité, on se prend à rêver que beaucoup de gens verront ce film, réfléchiront et essaieront eux aussi de créer quelque chose ou rentreront dans une des nombreuses associations qui se battent pour un monde solidaire... sans voler !


mercredi 21 janvier 2015

Little Twin Stars



Les Little Twin Stars sont deux petites étoiles jumelles créées en 1976 par la société japonaise Sanrio. Sorties à peu près en même temps qu'Hello Kitty, j'avais une nette préférence pour ces deux petites étoiles dont j'ai gardé quelques objets de cette époque là. Surtout de la papeterie. Depuis le CP je ne me suis jamais arrêté d'écrire.

Lala, la fille aux cheveux roses et Kiki, le garçon aux cheveux bleus, sont nés sur la planète Compassion. Lala aime dessiner, écrire des poèmes et cuisiner. Kiki adore explorer et inventer des choses. Ils explorent l'univers et sont curieux de connaître la Terre, planète sur laquelle on leur a conté de nombreuses histoires. Avec la permission de Mère Etoile et Père Etoile, ils peuvent partir à la découverte de cette planète, aidés par la petite baguette magique de Lala. Depuis qu'ils sont sur terre ils apportent bonheur et joie autour d'eux. Leurs amis sont le soleil, la lune, les nuages, les arc-en-ciel, les animaux et une foule d'être féeriques.











Soirée en compagnie de Charlot et Timothy Brock

Le 13 janvier dernier, ciné-concert joué par l'Orchestre National des Pays de Loire (ONPL) dirigé pour l'occasion par Timothy Brock.

Réalisation, scénario, montage, musique : Charlie Chaplin
Photographie : Roland Totheroh
Avec : Virginia Cherrill, Charlie Chaplin, Florence Lee, Harry Meyers, Allan Garcia, Hank Mann...


Il n'y a qu'un mot pour qualifier cette soirée fabuleuse : 
MAGIQUE !!!

Cela faisait très longtemps que je n'avais pas ressentie une telle émotion en sortant d'un spectacle.
J'avais l'impression d'avoir remonté le temps et d'être à la projection du film en 1931, dans l'un de ces immenses cinémas avec balcon. Ceux que l'on voit dans les documentaires sur le cinéma d'avant guerre. L'orchestre présent sur scène n'a fait que renforcé la magie du moment. Quelle merveilleuse idée de Timothy Brock de se consacrer à la sauvegarde et à la restauration des partitions des films muets. 
Je suis une fan de films muets depuis mon enfance grâce à une émission qui passait à la télé dans les années 70 : "Histoires sans paroles". Elle passait des films muets comiques de Buster Keaton, Laurel et Hardy, Charlot et mon préféré, Harold Lloyd. J'adorais cette émission et son générique. 


http://www.dailymotion.com/video/x3engx_histoires-sans-paroles_news

Mais là, d'en voir un sur grand écran avec son accompagnement musical en direct, c'était fantastique. Vraiment je ne m'attendais pas à ça. Toutes les émotions étaient exacerbées. C'est là qu'on peut constater que Charlie Chaplin était un génie. Son film n'a pas pris une ride, l'effet comique fonctionne toujours autant. 
La scène de boxe est un véritable bijou. Pendant plusieurs minutes, Chaplin nous offre un ballet chorégraphié au millimètre près où seul la musique et les mouvements des acteurs déclenchent l'hilarité général. Même le plus coincé des spectateurs ne peut résister à cette scène. 
Il y a aussi le début du film où Charlot se réveille dans les bras de la statue et essaie d'en descendre ; le moment où il regarde une statue dans une vitrine et le spectateur est hypnotisé par la trappe qui s'ouvre et se ferme sur le trottoir : tombera-tombera pas ; et tant d'autres ...
L'histoire en elle-même est triste. Comme dans tous ses films, Chaplin dénonce l'hypocrisie et la cruauté de notre monde mais en évitant tout misérabilisme. Dès que l'atmosphère devient trop mélodramatique, hop, il envoie un gag qui allège tout de suite l'ambiance. 
Je n'avais jamais vu ce film mais j'en avais souvent entendu parlé à cause de sa fin, comme une des plus belle, voir la plus belle de l'histoire du cinéma.  Et je dois dire que c'est vrai. C'est le plus beau et le plus intense regard échangé entre deux personnes que j'ai pu voir.

L'histoire :
Un groupe de dignitaires municipaux assiste à l’inauguration d’un monument appelé « Paix et prospérité». La bâche tombe et révèle, endormi dans les bras de la «Prospérité», un malheureux vagabond qui n’est autre que Charlot. Après s’être accroché le pantalon au sabre brandi par une statue allongée, il fuit la foule en colère.

Plus tard, après une série de mésaventures avec la police, des crieurs de journaux insolents et une trappe au milieu du trottoir, il tombe sur une jeune fleuriste aveugle. Alors qu’il s’arrête, touché par son air triste et sa beauté, le hasard veut qu’une portière claque juste à ce moment - là, laissant croire à la jeune femme qu’elle se trouve en présence d’un homme riche. 

Le même soir, il sauve du suicide un millionnaire fantasque et alcoolique. L’homme se comporte en ami chaleureux et généreux tant qu’il est ivre, mais se montre distant et hostile une fois dégrisé le lendemain matin. 
 

Comme il ne trouve pas la fleuriste à son emplacement habituel dans la rue, Charlot lui rend visite dans la pauvre mansarde qu’elle occupe. Il apprend qu’elle est malade, mais qu’une opération onéreuse en Suisse pourrait lui rendre la vue. 

Décidé à trouver de l’argent pour elle, il travaille d’abord comme éboueur puis comme boxeur. 
 

Heureusement, il rencontre à nouveau le millionnaire qui lui donne la somme dont il a besoin. Il parvient à la remettre à la jeune femme avant d’être accusé de vol par le millionnaire – une fois de plus dessaoulé et amnésique – et jeté en prison. 
Quelques mois plus tard, il est libéré et passe par hasard devant l’élégant magasin de fleurs où travaille désormais la jeune aveugle guérie, rêvant toujours de rencontrer son bienfaiteur, qu’elle imagine riche et beau. Amusée par le vagabond, elle se prend de pitié pour lui et lui offre une fleur et une pièce. Elle lui prend la main et le reconnaît au toucher. Ils se regardent les yeux dans les yeux d’un air énigmatique et plein d’émotion.


La musique :
La musique a été composée par Charlie Chaplin lui-même à l’exception du thème de La Violetera composé par José Padilla. Chaplin a toujours porté un très grand soin à la musique de ses films mais c'est la première fois qu'il en compose la partition.


Timothy Brock est compositeur et chef d'orchestre. Il a composé plusieurs opéras, symphonies, concertos, etc... En 1986, il reçoit la commande d'une partition pour le film Loulou de Pabst avec Louise Brooks. Par la suite il compose ou restaure les partitions de plus de 30 films muets. C'est le spécialiste mondiale de la musique pour film muet. Depuis 2000, il collabore avec les héritiers de Chaplin à la restauration des bandes musicales de ses films.
Ce soir-là lui et l'orchestre ont été formidables. Pour l'orchestre, je dirait comme d'habitude.


Pour en savoir plus :
http://www.timothybrock.com/index.html
http://www.onpl.fr/Prochains-concerts/Concerts-2014-2015/CINE-CONCERT-LES-LUMIERES-DE-LA-VILLE (dossier à télécharge)
http://www.dvdclassik.com/critique/les-lumieres-de-la-ville-chaplin (super critique du film !)

lundi 19 janvier 2015

Je suis Charlie

Le 7 janvier 2015, exécution des dessinateurs et journalistes de Charlie Hebdo.
Je l'apprends comme beaucoup de gens par internet en début d'après-midi. Très vite la nouvelle tombe, Cabu et Charb sont morts. Puis petit à petit la liste des victimes s'allonge. Mais le nom de Cabu résonne dans ma tête. Je n'arrive pas à y croire. C'est le seul dessinateur que je connaissais de la bande (à part Wolinski) et que j'aimais beaucoup.


Jean CABU
(13 janvier 1938 - 7 janvier 2015)

Pour moi Cabu était le dessinateur de mon enfance, du club Dorothée, mon émission préférée à l'époque, et l'auteur du Grand Duduche (mon papa lisait le journal Pilote).


                     




Et plus tard, l'auteur du "Jazz de Cabu".

                             
                             
                                                      

J'aimais beaucoup sa douceur, son air tranquille et posé. Ses dessins étaient beaucoup plus parlant que tout ces discours dont on nous abreuve à longueur de journée.  Même si je ne suis pas fan des caricatures, que je trouve souvent vulgaires et dégradantes, elles ont le mérite de mettre en avant la bêtise humaine.
A mon avis, l'art de la caricature doit être aussi vieux que l'humanité. Je suis persuadée que les hommes préhistoriques le pratiquaient déjà. L'Homme a toujours eu besoin de se moquer de ses travers, de mettre le doigt sur ses incohérences, ses vices.

Les dessins de Charlie Hebdo ont toujours montré l’ignominie des extrémistes de tous poils, l'hypocrisie et le danger des dogmes et des élites, ils ne s'en sont jamais pris aux croyants. En tant que catholique, je ne me suis jamais sentie visée. Souvent même ils mettaient en image notre colère et ce que nous pensions, nous croyants, contre ceux qui font honte à la parole du Christ. On a beau être pape ou évêque, on en est pas moins homme et pas au-dessus de cette parole. Etre croyant ne nous rend pas supérieur aux autres. Quand on est présent dans la vie de l'Eglise, on est sans cesse confronté à la hiérarchie, à sa bêtise et à sa dérive vers l'intégrisme et l'intolérance, bien loin des préceptes d'amour et de tolérance dictés par Dieu. C'est usant et démoralisant. 


Rien ne peut excuser cette tuerie imbécile !