Au départ je ne devais pas aller voir ce film mais vu que je m'étais trompée de semaine pour celui que je voulais, je me suis dis pourquoi pas. Et j'ai été agréablement surprise, même si le scénario est assez mince et parfois laborieux, et la fin ouverte (je n'aime pas ça), on ne peut s'empêcher de s'attacher aux personnages. Leur vie quotidienne est bien rendue. J'y ai retrouvée de nombreuses situations ou personnage que j'ai connue.
Pour une fois que le cinéma français parle des gens qui travaillent en bas de l'échelle sans misérabilisme, ni angélisme ! Rien que pour ça, il mérite d'être vu.
Ce film montre juste des gens qui BOSSENT dans des conditions indignent et qui ont beaucoup de mal à s'en sortir, mais qui ne baissent pas la tête, même s'ils sombrent dans le vol. On peut voir aussi que la vie de Sofia, la patronne, n'est pas facile non plus, qu'elle aussi subit les méthodes de mafieux de sa hiérarchie. Qu'elle est sans doute sur-diplômée pour son poste mais qu'elle aussi n'a rien trouvé d'autre. Alors la victime devient le bourreau.
J'ai aimé le côté Robin des Bois des 5 amis : prendre aux exploiteurs pour donner aux pauvres. Se venger ainsi de ceux qui les exploitent. Mais ça m'a aussi dérangé. Ce sont quand même des voleurs et je suis surprise que peu de gens l'ont relevé dans les critiques que j'ai pu lire.
On voit bien qu'au début, ils n'en ont rien à faire de détruire des tonnes de nourriture. Ils sont comme tout le monde, ils font ce qu'on leur dit de faire sans se poser de questions. Il faut qu'un coup dure les frappe pour qu'ils ouvrent les yeux. Tout le long du film on voit les personnages évoluer prendre conscience de leur vie, devenir un peu moins personnel, s'ouvrir aux autres.
J'ai pu lire par contre que des personnes étaient surprises par l'absence de syndicats. Mais il y a pleins d'endroits où ça n'existent plus. De toute façon à part se faire voir sur de gros événements, eux aussi, les petites gens ça ne les intéressent pas.
Les acteurs sont géniaux, tout comme les acteurs non professionnels. Ces derniers amènent une fraîcheur, une gaieté et une authenticité au film.
La description faite de la grande distribution relève du documentaire. J'ai vraiment retrouvé ce que m'en disent mes copines et mes voisines qui y travaillent, ou que je peux observer en faisant mes courses. Moi aussi je fais mes courses dans ce genre de magasins.
Ayant été l'assistante maternelle pour les enfants de certaines d'entre elles, l'échange entre la femme et Emma à propos de la garde de son garçon m'a rappelé des souvenirs. Pas l'engueulade mais les horaires, les emplois du temps qui changent à la dernière minute. Je gardais une petite fille de 12 mois dès 5h30 le matin (je la recouchais et moi aussi), deux autres partaient parfois le soir à 21h, ça c'était beaucoup plus dur et je détestais : l'impression que la journée ne va jamais s'arrêter. Quelque fois c'était le dimanche. Moi ça ne m'a jamais dérangée, étant mariée à un éleveur laitier, je n'ai jamais connu les horaires de bureau. Mais c'est une véritable galère pour ces femmes de trouver une nounou. En plus étant dans une région touristique pas question pour elle de prendre les vacances en juillet et août, donc les vacances en famille on oublie. A priori, une loi est passée interdisant cela mais elle n'est pas appliquée partout.
Le passage où Christiane décrit le système bancaire vaut tous les cours d'économie, tout comme son entretien avec son "conseiller" bancaire (qui n'a de conseiller que le nom), montre toute la froideur du système. Culpabiliser le client, lui faire sentir que s'il en est là c'est de sa faute, qu'après tout il n'a qu'à payer... Vous vous rendez compte, elle a accepter l'héritage de son mari ! Comme si en plus de la douleur de perdre un compagnon, vous devez en plus perdre tout ce qui faisait votre vie.
Il est de bon ton de dire qu'il ne faut pas s'attacher aux choses, qu'il faut être détaché. Mais dans le cas de Christiane, on devine que son mari devait être agriculteur. Et vendre sa ferme c'est comme le tuer une deuxième fois. Une ferme c'est de la passion, le travail de toute une vie, voire de plusieurs générations. On peut le faire quand on a fait le travail de deuil, pas les semaines qui suivent un décès.
Là aussi, la scène avec le banquier m'a ramené à mon passé, quand mon mari a du vendre sa ferme. Tout le temps de son activité on lui prêtait à tire larigot quitte à bidouiller les chiffres pour que les emprunts passent. La première fois j'avais été choquée, mon mari me disant que c'était comme ça. Par contre, lorsque vous n'avez plus rien, ce n'est plus du tout le même son de cloche. Premièrement votre ferme n'a de valeur que sur le papier, des bâtiments agricoles ne valent rien dés lors qu'il n'y a plus d'activité, si vous ne pouvez pas les louer à un autre agriculteur, ils sont condamné à tomber en ruine. On le voit bien dans le film. Deuxièmement on vous change de conseiller, histoire que celui qui vous suit depuis des années et avec qui vous avez sympathisé ne vous fasse pas trop de social, car là vous n'êtes plus du tout intéressant mais plus tôt indésirable. Et histoire de vous enfoncer un peu plus, on vous oblige à d'autres prêts à des taux cette fois exorbitants. Vive le libéralisme !
Le moment le plus choquant et le plus dur du film est celui où l'on voit toute cette quantité de nourriture détruite et javellisée pour être encore plus sûre que personne ne viendra en récupérer. Là on ne peut s'empêcher de se dire que notre civilisation a touché le fond, que finalement si l'Homme disparaissait ce ne serait pas une grosse perte pour la planète.
Mais en même temps de voir cette histoire d'amitié, ces personnages qui se battent et essaient de créer autre chose basée sur la solidarité, on se prend à rêver que beaucoup de gens verront ce film, réfléchiront et essaieront eux aussi de créer quelque chose ou rentreront dans une des nombreuses associations qui se battent pour un monde solidaire... sans voler !
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