mercredi 21 janvier 2015

Soirée en compagnie de Charlot et Timothy Brock

Le 13 janvier dernier, ciné-concert joué par l'Orchestre National des Pays de Loire (ONPL) dirigé pour l'occasion par Timothy Brock.

Réalisation, scénario, montage, musique : Charlie Chaplin
Photographie : Roland Totheroh
Avec : Virginia Cherrill, Charlie Chaplin, Florence Lee, Harry Meyers, Allan Garcia, Hank Mann...


Il n'y a qu'un mot pour qualifier cette soirée fabuleuse : 
MAGIQUE !!!

Cela faisait très longtemps que je n'avais pas ressentie une telle émotion en sortant d'un spectacle.
J'avais l'impression d'avoir remonté le temps et d'être à la projection du film en 1931, dans l'un de ces immenses cinémas avec balcon. Ceux que l'on voit dans les documentaires sur le cinéma d'avant guerre. L'orchestre présent sur scène n'a fait que renforcé la magie du moment. Quelle merveilleuse idée de Timothy Brock de se consacrer à la sauvegarde et à la restauration des partitions des films muets. 
Je suis une fan de films muets depuis mon enfance grâce à une émission qui passait à la télé dans les années 70 : "Histoires sans paroles". Elle passait des films muets comiques de Buster Keaton, Laurel et Hardy, Charlot et mon préféré, Harold Lloyd. J'adorais cette émission et son générique. 


http://www.dailymotion.com/video/x3engx_histoires-sans-paroles_news

Mais là, d'en voir un sur grand écran avec son accompagnement musical en direct, c'était fantastique. Vraiment je ne m'attendais pas à ça. Toutes les émotions étaient exacerbées. C'est là qu'on peut constater que Charlie Chaplin était un génie. Son film n'a pas pris une ride, l'effet comique fonctionne toujours autant. 
La scène de boxe est un véritable bijou. Pendant plusieurs minutes, Chaplin nous offre un ballet chorégraphié au millimètre près où seul la musique et les mouvements des acteurs déclenchent l'hilarité général. Même le plus coincé des spectateurs ne peut résister à cette scène. 
Il y a aussi le début du film où Charlot se réveille dans les bras de la statue et essaie d'en descendre ; le moment où il regarde une statue dans une vitrine et le spectateur est hypnotisé par la trappe qui s'ouvre et se ferme sur le trottoir : tombera-tombera pas ; et tant d'autres ...
L'histoire en elle-même est triste. Comme dans tous ses films, Chaplin dénonce l'hypocrisie et la cruauté de notre monde mais en évitant tout misérabilisme. Dès que l'atmosphère devient trop mélodramatique, hop, il envoie un gag qui allège tout de suite l'ambiance. 
Je n'avais jamais vu ce film mais j'en avais souvent entendu parlé à cause de sa fin, comme une des plus belle, voir la plus belle de l'histoire du cinéma.  Et je dois dire que c'est vrai. C'est le plus beau et le plus intense regard échangé entre deux personnes que j'ai pu voir.

L'histoire :
Un groupe de dignitaires municipaux assiste à l’inauguration d’un monument appelé « Paix et prospérité». La bâche tombe et révèle, endormi dans les bras de la «Prospérité», un malheureux vagabond qui n’est autre que Charlot. Après s’être accroché le pantalon au sabre brandi par une statue allongée, il fuit la foule en colère.

Plus tard, après une série de mésaventures avec la police, des crieurs de journaux insolents et une trappe au milieu du trottoir, il tombe sur une jeune fleuriste aveugle. Alors qu’il s’arrête, touché par son air triste et sa beauté, le hasard veut qu’une portière claque juste à ce moment - là, laissant croire à la jeune femme qu’elle se trouve en présence d’un homme riche. 

Le même soir, il sauve du suicide un millionnaire fantasque et alcoolique. L’homme se comporte en ami chaleureux et généreux tant qu’il est ivre, mais se montre distant et hostile une fois dégrisé le lendemain matin. 
 

Comme il ne trouve pas la fleuriste à son emplacement habituel dans la rue, Charlot lui rend visite dans la pauvre mansarde qu’elle occupe. Il apprend qu’elle est malade, mais qu’une opération onéreuse en Suisse pourrait lui rendre la vue. 

Décidé à trouver de l’argent pour elle, il travaille d’abord comme éboueur puis comme boxeur. 
 

Heureusement, il rencontre à nouveau le millionnaire qui lui donne la somme dont il a besoin. Il parvient à la remettre à la jeune femme avant d’être accusé de vol par le millionnaire – une fois de plus dessaoulé et amnésique – et jeté en prison. 
Quelques mois plus tard, il est libéré et passe par hasard devant l’élégant magasin de fleurs où travaille désormais la jeune aveugle guérie, rêvant toujours de rencontrer son bienfaiteur, qu’elle imagine riche et beau. Amusée par le vagabond, elle se prend de pitié pour lui et lui offre une fleur et une pièce. Elle lui prend la main et le reconnaît au toucher. Ils se regardent les yeux dans les yeux d’un air énigmatique et plein d’émotion.


La musique :
La musique a été composée par Charlie Chaplin lui-même à l’exception du thème de La Violetera composé par José Padilla. Chaplin a toujours porté un très grand soin à la musique de ses films mais c'est la première fois qu'il en compose la partition.


Timothy Brock est compositeur et chef d'orchestre. Il a composé plusieurs opéras, symphonies, concertos, etc... En 1986, il reçoit la commande d'une partition pour le film Loulou de Pabst avec Louise Brooks. Par la suite il compose ou restaure les partitions de plus de 30 films muets. C'est le spécialiste mondiale de la musique pour film muet. Depuis 2000, il collabore avec les héritiers de Chaplin à la restauration des bandes musicales de ses films.
Ce soir-là lui et l'orchestre ont été formidables. Pour l'orchestre, je dirait comme d'habitude.


Pour en savoir plus :
http://www.timothybrock.com/index.html
http://www.onpl.fr/Prochains-concerts/Concerts-2014-2015/CINE-CONCERT-LES-LUMIERES-DE-LA-VILLE (dossier à télécharge)
http://www.dvdclassik.com/critique/les-lumieres-de-la-ville-chaplin (super critique du film !)

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